J.M. Barrie: You can visit Neverland anytime you like.
Peter Llewelyn Davies: How?
J.M. Barrie: By believing Peter, Just believe.
Londres, début du XXème siècle – James M. Barrie, écrivain et auteur dramatique, est en quête d’un nouvel élan, dans sa vie comme dans son œuvre : son mariage avec la comédienne Mary Ansell est dans l’impasse, et le public londonien, habituellement si enthousiaste, boude sa dernière pièce.
C’est en arpentant quotidiennement les allées de Kensington Gardens, accompagné de son fidèle saint-bernard, Porthos, qu’il rencontre un jour Mme Llewelyn Davies et ses quatre jeunes fils – George, Jack, Peter et Michael. Une complicité immédiate se noue entre l’écrivain et les enfants sous l’œil ravi de leur mère, jeune veuve désemparée qui trouve en lui un véritable ami.
Son intimité avec la famille Llewelyn Davies grandissant chaque jour davantage, James M. Barrie retrouve son âme d’enfant auprès de ceux qui sont désormais sa plus précieuse source d’inspiration. Il tisse avec eux la trame fantastique, visionnaire et subtilement mélancolique de Peter Pan, leur ouvrant ainsi les portes de ce Pays de Nulle Part où chacun peut vivre à loisir les plus folles aventures et échapper à l’emprise du temps.
Peter Llewelyn Davies: This is absurd. It’s just a dog.
J.M. Barrie: Just a dog? Rufus dreams of being a bear, and you want to shatter those dreams by saying he’s just a dog? What a horrible candle-snuffing word. That’s like saying, « He can’t climb that mountain, he’s just a man, » or « That’s not a diamond, it’s just a rock. » Just.
Sucré-Salé
En voilà un film qui m’a fait pleurer et rire à la fois, un film que j’ai regardé les yeux pétillants, remplit d’étoiles et de larme à venir … le sourire aux lèvres. Un film que l’on ne peut apprécier qu’en laissant parler son coeur d’enfant. Main dans la main avec celui qui est toujours en nous, retrouver les jardins, et les prairies de notre enfance, et les jeux, ces moments où nous partions en voyage vers d’autres contrées connues de nous seul. Des moments drôles, émouvants, mais aussi tellement sérieux…
Des instants particulier et inoubliables.
Mais au delà d’un souvenir de l’enfance, le plus important est surtout de retrouver (si vous l’avez perdue) cette capacité à s’émerveiller des choses simples, d’apprécier un rien avec délectation. Dans ce film un peu particulier pas de grands renforts d’effets spéciaux, pas de scènes d’aventures… Non, c’est bien plus que ça !… Car tout est à imaginer, et l’imaginaire est un pays infini pourvu qu’on en trouve le chemin. Ce que ce film nous offre, c’est l’ouverture sur le monde complexe de la création et de l’inspiration. Un univers étrange, dangereux, passionnant.
Il ne faut pas s’imaginer là un film guimauve, bien au contraire, car entraîné dans les méandres de l’imaginaire, il vous est montré avec justesse les périls de celui-ci. L’Imaginaire et la Réalité ne font pas bon ménage et il arrive un moment où la réalité vous rattrape et peut alors vous faire tomber bas, dans la boue et vous piétiner. C’est là que se trouve toute la complexité du personnage de James Barrie, entre cette réalité laide, absurde, cruelle, habitée de ces adultes qui ont oublié de sourire depuis bien longtemps… et son monde, sa création, où vit toujours l’enfant qui sommeille en lui, ainsi que les souvenirs des personnes aimées. Il suffit de fermer les yeux pour trouver en ces terres tous ceux qu’on a aimé, tous ceux qu’on a rêvé. En ça, l’imaginaire est une illusion et bonheur trompeur. Pourtant l’imaginaire peut sauver, et dans l’adversité et la douleur, permettre de sublimer la dure réalité.
C’est un peu de tout ça qui se trouve dans ce film, là où a été réussi un savant mélange entre deux pôles opposés… Là où vous est ouvert pendant quelques instants les portes d’un monde qu’il ne tient qu’à vous de retrouver… Just believe.
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De la réalisation
La réalisation, je pourrais la comparer à une tapisserie de brocart, tout en finesse. En tissant les fils de la narration avec dextérité, justesse, émotion. Pour ne donner que l’essentiel des choses. La trame dorée d’un histoire imaginaire et réelle à la fois, qui n’est pas seulement celle du créateur de Peter Pan, mais d’autres artistes de coeur. Ce n’est pas un film qui se donne, qui est accessible à tous,… C’est un film qu’il faut pénétrer, qu’il faut découvrir à ses différents niveaux. Pour y trouver toute la poésie qu’il renferme, tous ces rêves, ces chagrins mélangés. Pour y trouver un imaginaire plus réel, plus beau, plus humain que la réalité. Pour y comprendre le procéder créatif d’un auteur… trouver la source des mots et des histoires.
Ce film a la chance d’être servit par des acteurs sublimes, qui donnent ici un jeu de grande sensibilité comme le reste du film, fait de regard, de murmure, de non-dits. Kate Winslet est une Sylvia bouleversante, tout à la fois fragile et d’une force de caractère qui force le respect, une mère aimante, prête à se mettre en danger pour que ceux qu’elle aime soient toujours heureux. James Barrie, un homme incompris, parfois égoïste, mais définitivement émouvant et généreux. Paradoxal. Un homme rêveur, et lucide, fou, génial, drôle, … un homme qui croit. Johnny Depp lui donne ses traits, et que dire ?… Il y arrive avec brio, une fois de plus…
J.M. Barrie: [watching George react to the knowledge that his mother is seriously ill] Magnificent. The boy is gone. In the last 30 seconds… you became a grown-up.
C’est aussi l’histoire d’une amitié hors du commun, hors normes entre cette jeune veuve et l’auteur, une amitié que personne ne comprendra à sa juste valeur, ne pouvant s’empêcher de la salir vulgairement. Mais qui reste une amitié désintéressée, profonde, pétrie d’amour et de confiance mutuelle…. Des sentiments véritables, profonds, sans tomber dans la sentimentalité.
Julie Christie joue un rôle difficile, une mère possessive et directive, qui aurait pu facilement tomber dans le caricatural. Et pourtant, non, ce personnage a bien plus a donné qu’au premier abord. Un personnage que l’on aime bien, finalement.
Dustin Hoffman quant a lui est tout à fait à l’aise dans ce rôle, un adulte certes, mais… avec un grain de folie quelque part. Un personnage un peu excentrique, avec beaucoup d’humour.
Mais je crois que dans cette magnifique distribution celui qui marque le plus, est un petit bout, Freddie Highmore… Qui a donné à Peter, un caractère tellement profond, à ce petit garçon torturé par la mort de son père, qui veut grandir à tout prix, prit entre l’enfance et des responsabilités qui ne sont pas de son âge… Ce jeune comédien est tellement expressif, tellement juste, simplement bouleversant,…
Une dernière note sur la musique qui orne ce film, qui tombe juste et touche là où il faut… Féerique et merveilleuse, et pourtant tellement mélancolique… Comme des sonorité de quelque chose qui touche à sa fin, mais que l’on garde néanmoins précieusement dans son coeur. Quelques notes de piano qui naissent des doigts et envahissent l’âme.
C’est Magique…
Sylvia Llewelyn Davies: What’s it like, Neverland?
J.M. Barrie: One day, I’ll take you there.