De manière simplifiée, l’album est documentaire et uniquement cela lorsqu’il n’y a pas de place pour la fiction. Les oeuvres « réelles » sont présentées sous forme de reproduction bien souvent photographiques. On peut trouver des ajouts de textes explicatifs et informatifs sur celles-ci, les artistes, l’emplacement des oeuvres (musées, collections, etc.) voir une analyse du contenu de l’oeuvre, de ses caractéristiques et du style de l’artiste.
Néanmoins, les documentaires ne sont pas forcément « barbant » ou identiques, les auteurs rivalisent d’ingéniosités pour présenter les oeuvres et faire comprendre un message sur celles-ci, ce message pouvant être à la fois informatif bien sûr mais également dans certains cas, humoristique voir ironique. Même si bien souvent les documentaires se veulent neutres, il y du parti-pris. C’est bien évidemment plus flagrant dans certains cas.
L’art par 4 chemins
CURTIL, Sophie, CVACH, Milos, L’art par 4 chemins, Toulouse, Editions Milan, 2005
Présentation de l’éditeur :
Les deux auteurs (mari et femme ) ont travaillés ensemble en 1987 pour le livre La Tour Eiffel (L’Art en Jeu), puis 1992 pour le magazine Zarbo (Édition Milan Presse). Apprendre aux enfants à regarder une œuvre d’art, tel est le projet à la fois simple et très ambitieux de ce livre. Le livre se présente comme une promenade à travers des œuvres extrêmement diverses (tableaux, sculptures, monuments, meubles, installations, photographies…) que les auteurs ont regroupés autour de quatre grandes sensibilités artistiques, quatre grandes aires géographiques, quatre couleurs symboles…
Enfin un livre d’art pour enfants qui ne soit ni une fastidieuse histoire de l’art ni un catalogue d’œuvres platement regroupées sous une même thématique ! Ici, le projet est tout autre, à la fois simple et très ambitieux : apprendre aux enfants à regarder les œuvres d’art.
Le texte invite l’enfant à observer, comparer, confronter, goûter les œuvres ; il le pousse à s’attarder sur un détail, à suivre le mouvement des lignes, à apprécier l’harmonie des couleurs, l’équilibre des formes… Il ne cherche en aucun cas à expliquer ou décrypter les œuvres : il les donne à voir. L’enfant est guidé dans sa lecture par de courts chapitres qui l’aident à rapprocher les œuvres entre elles et par des repères qui lui permettent de situer les artistes dans leur époque ou de comprendre le vocabulaire technique. L’ouvrage comporte aussi quelques doubles pages consacrées au vocabulaire technique, au savoir-faire et aux techniques particulières de certains artistes.
Il offre une très large place à l’art moderne, mais se plaît aussi à confronter des œuvres anciennes et contemporaines pour que l’enfant voie par lui-même ce qui les sépare ou ce qui les unit. Une maquette contemporaine de grande qualité met en valeur les œuvres.
Au terme de ce parcours, l’enfant aura, sans aucun doute, changé son regard sur l’art. Il s’en sentira plus proche et aura touché du doigt le plaisir qu’offre la contemplation d’une œuvre d’art.
Les chemins de l’art (européen), du Nord, de l’Est, de l’Ouest et du Sud. Les auteurs ont décidé de diviser les courants d’art en chemins bien différents, ceux-ci sont aussi bien géographique que stylistiques. L’enfant se voit proposer un choix de promenade, soit le Nord « A perte de vue, la lumière envahissante », l’Est « Dans les recoins profonds de la terre, la lumière est obscure », le Sud « Soudain, la lumière est éclatante » et enfin l’Ouest « Au fil de l’eau, la lumière est tamisée ». Vous l’avez bien compris, cette division tiens en grande partie de la manière dont les artistes traitent la lumière dans les oeuvres.
Le livre mélange totalement les époques et les styles, le point commun des oeuvres de chaque chemin est donc leur ambiance lumineuse. Des rapprochements audacieux sont fait, par exemple entre des oeuvres de Johannes Vermeer et Piet Mondrian. Les oeuvres du passé sont mise en regard avec des oeuvres contemporaines. Les oeuvres sont présentées selon la volonté présumée de leur auteur, les oeuvres baroques aux tissus bouillonnants sont confrontées au piano à queue recouvert de feutre de Joseph Beuys…. en parlant de geste théâtral.
Ce livre est là pour éveiller l’enfant à l’art, mais également à un esprit critique envers celui-ci, en comparant les oeuvres il permet à celui-ci de mieux comprendre les époques et les styles. L’ouvrage se termine par un chapitre sur la trahison des images, texte en regard de l’oeuvre de Magritte du même nom.
Le livre conclu par la phrase suivante : Les créations des artistes sont mystérieuses et mettent notre imagination en marche.
L’art en miroir, variations entre grands chefs-d’oeuvre
CHAINE, Sonia, L’art en miroir, variations entre grands chefs-d’oeuvre, Toulouses, Editions Milan, 2009
Présentation de l’éditeur :
Les chefs-d’oeuvre ont toujours inspiré les plus grands artistes. Quand Marcel Duchamp ajoute des moustaches et une barbe à La Joconde et quand Jean-Michel Basquiat la transforme en billet de banque, ils nous donnent envie de redécouvrir le tableau de Léonard de Vinci. Quinze oeuvres originales et les libres interprétations qu’elles ont suscitées sont ici rassemblées et expliquées. Un parcours éblouissant et surprenant dans un musée imaginaire, pour mieux comprendre l’art et son évolution.
On se trouve ici face à un livre de la même édition, à certains égares la démarche est identique mais ce livre-ci est plus succinct. L’auteur a souhaiter présenter des oeuvres très connues pour la plupart et montrer à travers l’histoire de l’art, leur influence. Ainsi l’enfant pourra constater les nombreuses déclinaisons de la Joconde, l’évolution de la Vénus antique à l’Olympia de Manet. Le livre est un brin fouillis car rempli de feuillets qui s’ouvrent ou se déroulent, mais parfois de manière peu appropriée car des oeuvres différentes se chevauchent alors rendant la compréhension ardue.
La mise en page est sur fond de mur de musée, les oeuvres « originelles » sont « attachées » à ce mur et mise en rapport avec les oeuvres inspirées. Des personnages photographiés font leur visite d’une page à l’autre. Je ne saurai dire si ce mélange est très heureux ou non… Les oeuvres sont majoritairement commentées, expliquées et contextualisées selon leur époque. Les choix et comparaison sont judicieux, la comparaison d’oeuvres anciennes avec de la bd, du pop art, ou des oeuvres plus contemporaine donne à voir à l’enfant que rien « ne vient du néant ». A ce propos le livre réussit plutôt bien son pari de montrer les inspirations artistiques au fils des siècles ainsi que l’évolution des tendances et des styles à travers des thèmes récurrents.
Et Picasso peint Guernica, les chefs d’oeuvre raconté aux enfants par Alain Serres
SERRES ALAIN, Et Picasso peint Guernica, Saint -Armand-Montrond, Rue du monde, 2007
Présentation de l’éditeur :
Une vie d’artiste, la guerre, un bombardement, un chef-d’œuvre dont on suit pas à pas la création, et toutes les couleurs du monde qui finiront bien, un jour, par l’emporter.
Ici on a affaire à un autre type de documentaire, déjà il s’agit d’un documentaire ciblé sur un seul artiste, voir même une seule oeuvre de cette artiste. Il s’agit d’une explication, d’une contextualisation de cette oeuvre dans son époque, par rapport aux évènements tragiques, par rapport à la vie de l’artiste. Le style de Picasso est passé au crible, il est décrypté, comparé à celles de la période bleue notamment. L’auteur montre l’évolution de l’artiste à travers son style et ceux des artistes de la même époque, le réalisme, le cubisme, le dadaïsme, le surréalisme. Il y a ensuite une explication poignante des évènements de la guerre 40-45, des bombardements à grand renfort de photographies. A travers la réalité dissolue, on montre la naissance de la peinture troublée de Guernica. Les croquis, les projets, les photos personnelles de l’artiste. L’oeuvre est découpée, analysée, parcelle par parcelle. Au centre du livre, l’oeuvre s’ouvre en grand à travers deux doubles pages. La suite de l’album explique la suite de l’oeuvre de l’artiste, ses apports à la cause de la paix (création de la colombe) mais également de quelle manière le peuple espagnole s’est emparé de l’oeuvre en tant que symbole qui orne à présent des bannières et des murs de villes.
On est donc ici face à un documentaire, une explication dirigée et contextualisée d’une oeuvre d’art contemporaine.