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>> Les Contes
Romancier et conteur français, chantre de la Provence, qui fut le créateur de la Chèvre de M. Seguin et de Tartarin de Tarascon.
Né à Nîmes le 13 mai 1840, Alphonse Daudet fit ses études secondaires à Lyon. Jeune provincial monté à Paris, il y connut des débuts difficiles. Il occupait le poste de secrétaire auprès du duc de Morny, personnage influent du second Empire, quand celui-ci mourut subitement, en 1865 : cet événement fut le tournant décisif de la carrière de Daudet. Dès lors, ce dernier ne se consacra plus qu'à l'écriture, non seulement comme chroniqueur — notamment au Figaro — mais aussi comme romancier. C'est après un voyage en Provence qu'il commença à rédiger les premiers textes des Lettres de mon moulin. Daudet obtint de Villemessant, le directeur du journal l'Événement, de publier en feuilleton ses Lettres pendant tout l'été 1886, sous le titre de Chroniques provinciales. C'est ce feuilleton, remanié et augmenté, qui constitua le recueil des Lettres de mon moulin en 1869. L'ouvrage était porté par la mode du provençal, que Frédéric Mistral avait lancée peu auparavant. Le 12 septembre 1869, Mistral écrivait d'ailleurs à Daudet : "!Tu as résolu avec un merveilleux talent ce problème difficile : écrire le français en provençal. Ainsi tu pourras désormais t'abstenir de signer tous tes livres. Tout le monde les reconnaîtrait à la frappe, comme ces admirables monnaies grecques qui portent la tête de Massilia.!" Certains des récits de ce recueil sont restés parmi les histoires les plus populaires de notre littérature : c'est le cas de la Chèvre de M. Seguin, des Trois Messes basses ou de l'Élixir du révérend père Gaucher.
Le premier vrai roman de Daudet, le Petit Chose (1868), était largement autobiographique puisqu'il évoquait de façon à peine romancée ses souvenirs de maître d'étude au collège d'Alès. C'est seulement en 1874 que Daudet aborda le roman de mœurs, avec Fromont jeune et Risler aîné, qui fut suivi par d'autres romans du même type, comme Jack (1876), le Nabab (1877), les Rois en exil (1879), Numa Roumestan (1881) ou l'Immortel (1883). Dans son travail d'écrivain, Daudet était fidèle à une méthode d'observation dont il trouvait le modèle chez Flaubert ou les Goncourt : il notait sur un carnet les détails tirés du réel qui pouvaient constituer la substance d'un récit. Mais son œuvre, éclairée simultanément par le pathétique et par l'humour, apparaît déjà loin du naturalisme par son sentimentalisme. Les fréquentes interventions d'auteur, vives et spirituelles, y contribuent également au plaisir du texte, même si aujourd'hui, la verve du romancier semble un peu bavarde.
Malgré son intense activité de romancier et de dramaturge — il écrivit dix-sept pièces —, Daudet ne négligea pas pour autant ses travaux de conteur : en 1872, il créa son personnage mythique, Tartarin de Tarascon, célèbre hâbleur dont les aventures se déroulaient sur plusieurs volumes. Les Contes du lundi (1873), recueil de contes sur la guerre franco-prussienne, témoignent aussi de son goût pour ce genre et pour les récits merveilleux.
Sa gloire d'auteur de contes pour la jeunesse et de chantre de la Provence pittoresque ont masqué l'importance de Daudet romancier et la puissance de ses récits réalistes.