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La mer de ducats d'or
Recherche par Arduinna

C’était le quinzième jour de la huitième lune, quand sur la terre ont lieu d'étranges miracles, et que l'impossible devient possible. Au-dessus du pays, une grande lune jaune était suspendue.
Le chasseur Lan-fou prit son panier et monta bien haut dans la montagne, pour aller ramasser des fumées de sanglier. Lorsqu'au bout d'une longue et pénible ascension, il arriva au sommet et regarda de l'autre côté, vers la vallée en d'autres temps obscure et noirâtre, il eut le souffle coupé. Devant lui, comme à portée de sa main, la vallée était tout inondée de la lumière dorée de la lune. Lan-fou se pinça la main. Etait-ce vraiment une lumière, ou bien - il ne pouvait vraiment pas le croire - était-ce une pleine mer de ducats d'or ?
« Mais d'où seraient-ils venus ? Et qui les aurait jetés là comme ça ? » se disait Lan-fou, tout en regardant autour de lui. Alors, à la surface de la mer d'or, soudain quelque chose bougea. En regardant bien, Lan-fou vit venir dans sa direction une barque d'or et dans la barque - Lan-fou se frotta les yeux - dans la barque, oui, ce n'était pas un rêve, une belle dame se dressait, et elle se dirigeait tout droit vers lui.
- Je suis la fée lunaire, dit une voix suave. Je t'attendais. Tu arrives juste à point. Cette nuit, les trésors de la terre se sont ouverts, et chaque homme qui vient dans cette vallée en reçoit sa part. Tout en disant cela, la belle dame donna trois ducats d'or à Lan-fou.
Lan-fou remercia et, tout joyeux, il reprit le chemin du retour. Mais il avait à peine fait quelques pas qu'il lui vint à l'idée : « Une telle mer de ducats, qui s'étale partout ! J'aurais pu lui demander de m'en donner un peu plus ! » Là-dessus, il fit demi-tour et retourna à l'endroit où la dame voguait encore sur sa barque d'or, dans la mer de ducats.
- Fée lunaire, je suis bien pauvre, lui dit Lan-fou, donne-moi encore trois ducats d'or, je te prie.
La fée sourit, plongea la main dans la mer et donna trois ducats brillants à Lan-fou.
Le jeune chasseur remercia bien et se remit en route pour rentrer au logis. Il marchait au long de la berge de la mer dorée, tout en pensant : « Qu'est-ce que c'est, six ducats, quand il y en a ici, tout autour, des milliers et des milliers. Je ne retournerai plus les demander à la fée, je vais en remplir ici mon panier. Enfin je pourrai vivre sans souci du lendemain ! »
En arrivant à une planche qui servait de passerelle pour traverser un ruisseau, il lui vint à l'esprit : « Mais qu'est-ce que c'est, un panier de ducats ? Si j'en rapportais une pleine hotte à la maison ? Oui! Mais je ne vais pas perdre mon temps avec mon panier. » Aussitôt pensé, aussitôt fait : il jeta son panier dans le ruisseau, et courut aussi vite qu'il put chez lui.
Là, il saisit une hotte, et reprit le chemin de la montagne. « Mais, qu'est-ce qu'une seule hotte ? » se dit-il. « C'est vraiment dommage de laisser là tant de ducats brillants, mieux vaut appeler ma femme, pour qu'elle prenne une deuxième hotte. »
- Vite, femme, lève-toi ! appela-t-il, et ses yeux lançaient des flammes.
Lan-fou courut comme un fou dans la montagne, suivi de sa femme, pour aller vers la mer de ducats. En arrivant à la passerelle, il se dit : « Deux hottes, ce n'est rien du tout. Mieux vaudrait appeler mon beau-père et ma belle-mère à la rescousse, et prendre une charrette. » Il retourna en hâte sur ses pas, toujours suivi de sa femme. Ils allèrent appeler à l'aide le beau-père et la belle-mère. Tout essoufflés, les voilà qui couraient tous quatre dans la montagne. Ils couraient, l'haleine courte, mais voilà, voilà, ils s'approchèrent du sommet de la montagne, derrière laquelle s'étalait la mer de ducats d'or. Mais soudain, qu'est-ce donc ? La lune sembla pâlir ... elle pâlit, le sommet de la montagne s'inonda d'une lueur rose, puis les rayons rouges du soleil levant qui s'étendirent partout. Muet de stupeur, Lan-fou était là, et il contemplait la vallée. La mer de ducats d'or avait disparu.
- Où sont les ducats ? cria l'épouse.
- Où sont-ils, les ducats ? criaient le beau-père et la belle-mère.
- Ils ont disparu, dit Lan-fou dans un souffle. Ils ont irrémédiablement disparu, et ils ne reviendront plus jamais. Alors il leur raconta comment il avait reçu trois ducats d'or de la fée lunaire, puis encore trois autres, et comment il en avait rempli un plein panier qu'il avait jeté dans le ruisseau.
Pleins d'espoir, ils se hâtèrent vers la petite passerelle. L'eau sauvage tourbillonnait dans le ruisseau, il y avait là des pierres, mais pas trace de panier.
- C'est dommage pour le panier, déclara Lan-fou, il ne me reste plus maintenant qu'à en tresser un autre !


 

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