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Eros et Psyché

 

Dans un village tout près des montagnes, vivait une jeune fille ravissante qui dépassait toute les autres en éclat. Elle était si belle qu’elle paraissait être une déesse vivant parmi de simples mortels. La rumeur s’étendit bientôt à toute la Terre et les hommes commencèrent à dire que la beauté de Psyché dépassait celle de la déesse Aphrodite elle-même. Ces nouvelles parvinrent jusqu'aux oreilles de l'intéressée qui ne pouvait laisser les choses ainsi. Comme toujours lorsqu'elle se trouvait dans l'embarras, elle demanda l'aide de son fils Éros qui était aussi le dieu de l’amour- Utilise le pouvoir que je t'ai donné, lui dit-elle, et punis cette audacieuse mortelle.

Éros envoya un oracle qui délivra un message terrible au père de Psyché. Les larmes montèrent aux yeux du vieil homme qui adorait plus que tout son enfant.

- Mon petit ange, dit-il d'une voix tremblante, je dois te conduire, toi la plus jeune de mes trois filles, au sommet d'une montagne pour sauver le village de calamités effroyables.

Voyant que sa fille frissonnait de peur, il n'eut pas le courage de lui révéler qu'un monstre horrible et méprisable allait s'emparer d'elle.

- Je ferai ce que tu me commandes, père bien-aimé, répondît la jeune fille qui était aussi courageuse que belle.

Mais dans sa fureur jalouse, Aphrodite n'avait point pensé à ce que pourrait inspirer la beauté de Psyché au dieu de l'amour, lorsqu'il la verrait.

" C'est comme si je m'étais percé le coeur d'une de mes propres flèches ", songea Éros en découvrant Psyché.

La jeune fille, pale et résignée, regardait autour d'elle de ses grands yeux inquiets. Sa peau, sa bouche, ses cheveux, tout évoquait en elle la splendeur marbrée d'une statue immortelle. Éros décida de ne pas exaucer les sombres souhaits de Sa mère et guetta la tombée de la nuit. Une fois le soleil endormi, il souffla entre ses doigts un long filet de vent. C'était le zéphyr, le plus doux des vents, qui emporta doucement la belle Psyché.

Elle sentait comme une haleine fraîche qui la soulevait, la faisant flotter dans l'air comme sur des fleurs moelleuses. Apaisée par ce climat tout de coton, Psyché s'endormit, et se réveilla sur les marches d'un palais magnifique. Bien qu'intimidée par une telle richesse, elle entra dans la demeure.

- Ces colonnes sont en or ! s'émerveilla-t-elle, et les murs sont en argent ; à mes pieds le sol est incrusté de pierres précieuses.

Après avoir admiré le palais, Psyché attendit que le mystérieux maître des lieux la trouvât. Elle s'assit près de la fontaine qui scintillait comme une pluie de diamants. Elle n'entendait aucun bruit, n'apercevait aucune silhouette, lorsque soudain des voix chuchotèrent à son esprit:

-Restaure-toi avec ces mets délicieux.

Psyché vit apparaître une table dressée comme pour un repas de fête et mangea des plats raffinés que son palais n'avait jamais goûtés.

- Rafraîchis-toi et prends un bain, dirent encore les voix. Et Psyché découvrit une baignoire qui exhalait des essences de fleurs qu'elle n'avait jamais senties ni vues. La nuit venue, alors que l'obscurité étendait ses ailes sombres sur tout le palais, les paupières de Psyché commencèrent être lourdes de sommeil. Dans son abandon, elle perçut qu'un être étrange, drapé et comme masqué, s'approchait lentement d'elle. Sa voix était tendre et douce, son visage avança vers le sien sans pour autant qu'elle le vît:

- Je suis le maître de cette demeure et l'époux que tu attendais, lui dit-il.

Psyché passa la nuit dans les bras de son amant. Jamais ses oreilles n'avaient entendu proférer des paroles aussi empreintes de tendresse.

Au retour de l'aurore, l'étrange visiteur lui dit encore ces quelques mots:

-Psyché, tu ne verras jamais mon visage car je ne viendrai qu'à la nuit noire.

-Je ferai comme tu voudras, répondit Psyché d'un ton passionné.

-Tu auras garde également de ne plus parler à tes soeurs, car ce serait le début de notre fin.

-Non, cela je ne le peux pas. Je t'en supplie, accorde-moi la joie de revoir mes soeurs, supplia Psyché.

- Je te l'accorde, dit-il tristement, car je ne saurais te voir souffrir ; mais encore une fois je te préviens : tu prépares par cette rencontre notre propre destruction.

Le matin éclata de soleil et Psyché envoya le Zéphyr chercher ses chères soeurs.

Celles-ci, à la fois émerveillées et jalouses de toute cette magnificence, eurent des paroles qui jetèrent le trouble dans le coeur de Psyché:

-Si ton époux craint de montrer son visage, c'est qu'il doit être réellement une créature des plus affreuses.

-C'est vrai, vous devez avoir raison, murmura Psyché que le chAgrin avait assaillie ; dites-moi que faire, donnez-moi un conseil, je vous en prie.

- Eh bien, dirent ses soeurs fières de l'avoir blessée, la nuit venue, profite de son sommeil pour voir son visage. Et les mains pleines de l'or et de l'argent que leur avait offert leur pauvre soeur, elles repartirent, la figure envieuse et l'âme torturée de n'être pas aussi riches. Cependant, tout au fond 'elles, elles étaient heureuses de l'avoir fait douter de son époux mystérieux.

Après des heures et des heures passées éveillée dans l'obscurité, Psyché entendit enfin le souffle régulier de son mari qui s'était endormi. Rassemblant tout son courage, elle se leva sans bruit, alluma une lampe et l'approcha du visage de son époux. Celai qui était étendu dans son lit, découvrit-elle, était l'être le plus gracieux du monde.

- Mon coeur se remplit de joie murmura-t-elle, le soulagement se glisse dans mon âme

Puis soudain, elle vit l'arc et les flèches posés au pied du lit. saisie de stupeur, elle porta la main à son coeur car il lui semblait qu'elle allait défaillir. Maîtrisant son grand tremblement, elle s'approcha encore de lui:

- Ô mon époux, j'ai enfin compris. Tu es le divin Éros en personne.

Émerveillée par la pureté de ses traits, la blancheur de son teint, elle inclina la lampe vers lui: une goutte d'huile s'échappa alors de la lampe et tomba sur l'épaule du bel endormi. Il s'éveilla dans un sursaut et vit, en même temps que la lumière, la trahison de Psyché. Tandis qu'elle reculait de honte et d'horreur, Éros saisit son arc et ses flèches et disparut sans un mot. Tout s'évanouit à sa suite, le palais, le bonheur et les délices de l'amour. Aux prises avec une affreuse solitude, Psyché pleura toutes les larmes de son corps, se lamenta en poussant des cris déchirants:

- Je veux mourir, hurla-t-elle ; le dieu de l'amour était mon époux et moi qui ne suis qu'une misérable mortelle, j'ai manqué à ma parole.

Et de honte, Psyché se jeta dans le fleuve près du rocher où le divin Zéphyr était venu la chercher. Mais les eaux elles-mêmes rejetèrent son chagrin et la portèrent jusqu'à l'autre rive. Voyant que la mort ne voulait pas d'elle, Psyché se remît à crier:

-Rendez-moi mon mari ! répétait-elle, rendez-moi mon mari!

Aphrodite, exaspérée par tous ces criss, apparut alors devant elle.

-J'ai appris que tu cherchais un mari ? lui demanda-t-elle avec mépris.

Lorsque Psyché leva son regard vers la déesse, celle-ci ait ébranlée par la peine qu'elle y lisait:

- C'est bien, je te prends à mon service mais tu devras accomplir toutes sortes de tâches. Si tu réussis, je t'aiderai. Et elle lui fit trier des milliers de grains, jour et nuit, chercher la laine d'or que portaient d'affreux moutons, remplir des flacons de l'eau noire du Styx ; elle dut même aller jusqu'aux Enfers. Mais à chaque fois, un être mystérieux l'aidait et Psyché revenait victorieuse de l'exploit commandé. Caché dans les roseaux, Éros, guéri de la brûlure qui avait abîmé son épaule, lisait dans l'esprit de Psyché. À chaque fois, il n'y trouva que son nom sans cesse et sans cesse répété. Il l'aida souvent, caché près d'elle, l'endormant et faisant le travail à sa place. À ces moments précis, il découvrait qu'il aimait plus que jamais la figure douce et implorante de la pauvre Psyché.

Il s'envola vers l'Olympe des dieux pour y trouver Zeus en personne, et lui demanda de l'unir à Psyché. Le père des dieux l'écouta en silence:

- Je consens à ton mariage avec Psyché, bien que tu aies grand tort de contrarier Aphrodite, répondit-il avec bienveillance.

Le doux Zéphyr amena dans la seconde une Psyché tout étonnée aux pieds de Zeus.

- Bois l'ambroisie, ordonna Zeus ; elle te rendra immortelle, comme ton époux que voici.

Folle de joie, Psyché découvrit Eros souriant qui lui tendant amoureusement les bras.

-Je vous bénis, dit alors une voix narquoise que Psyché connaissait bien.

Psyché se tourna avec effroi vers Aphrodite qui s’avançait. Elle prit peur mais un geste de la déesse l’apaisa :

- N’aie crainte Psyché, je ne trouve rien à redire à ce qu’une déesse soit ma belle fille.

- Car tu vivras désormais dans les cieux et, ajouta malicieusement Zeus, Aphrodite pourra redescendre sur terre tourner la tête aux hommes.

- Et ils ne diront plus qu’une mortelle est plus belle que la déesse elle-même, poursuivit Aphrodite en riant à demi.

 

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